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Le Petit Ney

Un café pas comme les autres

Auteur·es : Base Commune

Date : Juin 2022

Résumé

C’est à cheval entre Paris et Saint-Ouen, le long de l’avenue de la Porte Montmartre (18ème arrondissement), que se niche l’un des premiers cafés associatifs de Paris. Installé au pied d’un ensemble de logements sociaux, le Petit Ney n’est pas un commerce comme les autres. Créé à l’initiative d’un groupe d’habitants, cette association de quartier polyvalente fait rimer culture et engagement depuis 1994.

À quelques pas du périphérique, la cité Montmartre dresse fièrement sa façade de briques rouges, caractéristique des Habitations Bon Marché (HBM) des années 1930 et marqueur identitaire de ce quartier populaire : « la cité, tout le monde l’appelle les briques rouges » précise Philippe Durand, cofondateur du lieu. Café associatif et littéraire, espace d’accueil pour les enfants et les familles, salle de concert… Le Petit Ney est un peu tout ça à la fois. Sa longue devanture vitrée, égayée d’un pourtour coloré, tranche avec les vitrines des autres commerces de l’avenue.

Le Petit Ney doit sa création à un groupe d’habitants et professionnels de la culture, réunis autour de la publication d’un journal de quartier. En 1998, le journal se double d’un projet précurseur : la création d’un lieu de vie autogéré. Un ovni pour les professionnels du développement social, qui initient alors les premières actions de la politique de la ville dans les quartiers en difficulté. La Cité Montmartre est l’un de ceux-là : « Au début, notre projet s’est heurté à l’incompréhension des institutions. On nous demandait un programme fixé à l’avance alors qu’on voulait faire avec les habitants. Mais on était très visibles localement grâce au journal et on a fini par avoir gain de cause. » En 1998, le Petit Ney ouvre ses portes au rez-de-chaussée d’un immeuble d’habitation détenu par le bailleur Paris Habitat.

Depuis, le Petit Ney a fait du chemin : l’association compte aujourd’hui 5 ETP (équivalents temps plein), 45 bénévoles et quelques 350 adhérents, en majorité issus du 18ème arrondissement. Sa croissance est aussi spatiale : après deux extensions, le Petit Ney occupe aujourd’hui près de 100m2 en pied d’immeuble. Trait d’union entre Paris et les célèbres Puces de Saint Ouen, l’avenue de la Porte Montmartre est très fréquentée. Qu’une association – plutôt qu’un commerce – y ait pignon sur rue n’a pas manqué de faire débat. La Charte des commerçants de la Porte Montmartre, élaborée par la mairie de Paris avec l’association des commerçants locale en 2003, préconise de concentrer les commerces le long des grands axes pour enrayer la vacance : « Quand on a voulu s’étendre en 2012, on n’était pas prioritaires. L’association des commerçants était vent debout contre nous ». Il faudra le soutien du maire d’arrondissement pour que l’association puisse réaliser son projet.

Cantine du quartier jusqu’en 2011, le Petit Ney a fini par laisser de côté la restauration, trop gourmande en temps et en énergie. Mais l’association accueille depuis 2012 une Accorderie, système d’échange de services entre particuliers. Et le café, lui, persiste. Contre la fermeture de la Poste ou la résidentialisation, pour l’attribution d’un stand aux biffins sur le Marché aux puces… L’histoire du Petit Ney s’entremêle à celle du quartier. Et l’association regarde vers l’avenir : les fondateurs cherchent aujourd’hui à passer la main.

  • Intérieur du Petit Ney, avenue de la Porte Montmartre. ©Base Commune